Point de vue très intéressant sur la Bourse en ces temps de turbulence dans les ECHOS en date du 9 juin, p. 15: « Réconcilier la Bourse et les entrepreneurs… ».
L’auteur, Bernard Corneau, mets en perspective le paradoxe suivant: alors que la plupart des « Midcaps » cotées en bourse, annoncent des résultats conformes à leurs prévisions, elles ont pourtant, dernièrement, vu leurs cours de bourse baisser de – 25% à – 40% !!
Comment expliquer cette volatilité qui ne repose sur aucune cause rationnelle?
L’auteur avance deux arguments:
1/ La Bourse ne connait pas de frontières: Une bonne partie des milliards qui s’investissent en Bourse en Europe (et donc en France) provient de l’argent des ménages américains qui épargnent pour leur retraite. Les fonds de pension, auxquels ils ont confié leur argent, ont pour objectif principal de faire fructifier l’économie des ménages américains au maximum pour avoir une retraite décente. Ils n’ont donc pas forcement pour vocation d’accompagner les entreprises, dans lesquels ils investissent, sur le long terme. Cette divergence d’intérêts (long terme pour la société, court terme pour les investisseurs) suffit à expliquer la déconnection entre la bonne santé des entreprises et leur cours de bourse.
2/ Les fameux « Hedges funds » qui sont détenus par de grands institutionnels. Ces derniers prennent une importance de plus en plus grande dans la part des investissements en bourse. Ces fonds exploitent toutes les opportunités de marché. Elles identifient des actions surévaluées et elles les vendent à terme. Et achètent des actions sous-évaluées.
Les investisseurs étrangers détenant entre 30% et 50% de la capitalisation boursière, la conséquence en est que nous ne maîtrisons plus la bourse française. Le pouvoir actionnarial a basculé « entre des mains anonymes qui s’érigent en juge suprême de la stratégie et de la valeur des entreprises françaises.
L’auteur nous donne ensuite les clés pour utiliser la bourse en période de crise, comme actuellement. Depuis fin 2007, les investisseurs ayant retiré leur capitaux, entraînant une baisse exagérée sans rapport avec la solidité des entreprises, c’est le moment pour racheter des concurrents affaiblis ou racheter sa propre entreprise.
Enfin, l’auteur conclu par ce constat, évident: en période de crise, la place boursière française, secondaire par rapport à celle des États-Unis où de l’Angleterre, souffre beaucoup plus que les marchés anglo-saxons. Pour en limiter les effets, l’auteur milite pour la création de fonds de pension en France ce qui stabiliserait les marchés et l’orientation de l’épargne française vers les marchés « actions ».